Samedi 16 avril 1994

Coup de chien sur les narcisses

Les 6, 9 et 12 du mois courant, la Société d'Economie Mixte (SEM) et l'Office du tourisme de Fouesnant d'une part, et la Société d'Etudes pour la Protection de la Nature en Bretagne (SEPNB) d'autre part, avaient prévu des sorties en vue de permettre aux amoureux de la nature de se rendre à Saint-Nicolas admirer le fameux narcisse de Glénan qui n'accepte de pousser que dans l'archipel.

C'est ainsi que vers 14h30 le 6 avril dernier, l'hydro-jet Atlante de l'armement "Les vedettes de l'Odet" embarquait une soixantaine de personnes à Beg-Meil à destination de Saint-Nicolas. La traversée est calme et, à vingt-cinq noeuds, une demi-heure suffit pour arriver à destination.

Le narcisse des GlénanAccompagné par Hélène et Nathalie, animatrices nature, le groupe se dirige aussitôt débarqué vers la réserve naturelle où pousse la plante, objet du déplacement. La grande déception ! Le vent, la pluie et les grêles qui se sont succédé les jours précédents ont haché menus les frêles narcisses en pleine floraison. Les jacinthes violettes qui vivent en concurrence avec la plante endémique ont subi également des dégâts importants. Seuls subsistent des pieds de fougère n'ayant pas encore développé leurs feuilles, qui semblent, telles des antennes de paratonnerre, vouloir protéger la plante protégée.

La réserve naturelle, qui devrait être si belle à cette époque, ressemble à un champ de bataille, après le désastre !

Une équipe de journalistes de T.F.1, qui s'est spécialement déplacée pour la circonstance, essayera cependant, sans grand enthousiasme, de faire quelques plans sur la zone sinistrée.

A défaut de pouvoir admirer le fameux narcisse, objet de leur convoitise, les visiteurs devront se contenter de cajoler les deux ânes et le poney shetland introduits dans l'île en 1988, et qui ont pour mission de participer au débroussaillage de la réserve naturelle.

Cette visite, qui s'est effectuée sous une pluie battante, avait quelque chose d'inaccoutumé !

En effet, au moment où nos contemporains ont tendance à tout vouloir tout de suite et à n'être satisfaits de rien, nous avions affaire ici à un groupe de personnes trempées comme des soupes et pour beaucoup d'entre elles, transies de froid, venues admirer une plante disparue et qui se disent malgré tout contentes de leur déplacement ! Il faut penser qu'une fois de plus, la magie des lieux, si souvent citée par les auteurs, et à juste titre, a charmé les visiteurs.

Enfin, les meilleures choses ayant toutes une fin, tout le monde se retrouva devant un café ou un chocolat chaud chez Christian Marchadour au bar "La Boucane", avant de rembarquer sur L'Atlante pour rejoindre le continent.

Les sorties programmées pour les 9 et 12 avril ont été annulées, les candidats à l'observation des narcisses devront maintenant attendre le mois de mars de 1995 pour satisfaire leur désir.

Jean Puloc'h

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