Samedi 11 décembre 1993 | Glénan : Pour une défense des« riens» |
Certaines mauvaises langues, servies par de mauvais esprits, laissent entendre parfois que l'archipel de Glénan ne justifie pas un article par semaine dans L'Echo des Îles. Et notamment durant la saison hivernale.
Le raisonnement, à mon avis « ne tient pas la route » et laisse au contraire apparaître une méconnaissance évidente de la vie de l'archipel.
Et d'abord, c'est durant cette période que la mer se repose d'avoir dû supporter tant de baigneurs et de bateaux pendant l'été. Elle se retire et revient tous les jours, deux fois par jour même. Et par moment, pour ,jouer, elle se retire loin, puis revient en force pour mieux embrasser les îles et les serrer plus haut. De temps en temps elle esquisse un mouvement de colère pour se prouver à elle-même qu'elle n'a rien perdu de sa puissance et rappeler aux humains que les risques sont grands de vouloir ,jouer avec elle.
Lorsque l'on se trouve face à de tels événements, peut-on dire qu'il ne se passe rien aux Glénan ?
S'il est vrai que les activités humaines sont réduites durant cette période, il n'en n'est certainement pas de même de celles de la faune, tant aérienne que terrestre ou sous-marine, qui continue à vivre tranquillement à l'abri des regards indiscrets.
Reste donc, à la charge des correspondants de L'Echo des Îles, de rédiger les chroniques et reportages relatant les événements énumérés plus haut.
Il sera peut-être difficile de connaître les sentiments profonds de la mer ! Seuls. ceux qui, après la grande épreuve, sont allés profiter d'une deuxime vie sous les flots peuvent en parler ! Mais, malheureusement, nous ne connaissons pas encore le moyen de communiquer avec eux et, pour tout vous dire, chers lecteurs, aucun de nous n'est pressé de tester l'expérience d'un contact direct, le retour à Saint-Nicolas, article rédigé, risque de poser problème ...
Sur ce sujet, nous devrons donc nous contenter du produit de notre imagination et essayer de mieux comprendre, de mieux interpréter les légendes et histoires, rapportées par des naufragés recueillis sur l'archipel, alors qu'ils avaient déjà vu s'entr’ouvrir devant eux les portes de l'éternité.
Pour ce qui concerne la vie de la flore et de la faune, il nous faudra suivre de façon attentive le comportement du goéland, du cormoran, de la, mouette ou de la sterne, approfondir dans le détail la vie des lapins de garenne introduits sur les îles et, étudier l'histoire des animaux sous-marins qui habitent autour de l'archipel fouesnantais.
Mais pour bien faire, il faudrait que le correspondant se transforme, le temps d'un reportage, en oiseau, en cul-blanc, en mollusque, crustacé ou poisson ...
Ne disposant pas du don de métamorphose, nous devrons, ici encore, nous contenter des témoignages, observations et résultats d'études relatives aux sujets considérés.
Dans le n° 17 de l'Echo, nous vous avions fait part, chers lecteurs, de la satisfaction des ormeaux des Glénan qui se trouvaient fort aise, la météo ayant annoncé du gros temps pour les dernières grandes marées, ce qui a eu pour conséquence de limiter très sérieusement le nombre de pêcheurs à pieds à Saint-Nicolas, de passer Noël et les fêtes de l'an en famille !
Erreur, contre-vérité, hérésie ! Non, les ormeaux ne vivent pas en famille ! Et pour cause ... Nous en reparlerons la semaine prochaine.
Jean Puloc'h