Samedi 28 août 1993

Les activités du Fort Cygogne

Vue du FortConstruit en 1756 pour barrer la route aux navires anglais et dissuader toutes sortes de corsaires de hanter les lieux, Fort Cygogne est certainement, avec le phare de Penfret, l'ouvrage le plus représentatif de l'archipel.

Déserté par les militaires, puis occupé par les marins pêcheurs de Beg-Meil - Mousterlin - Bénodet - Loctudy - Concarneau et Trégune, en « base avancée », la redoute est maintenant mise à disposition du Centre Nautique des Glénans, par le Collège de France, qui en est le propriétaire (domaine privé de l'État).

Le Centre nautique y organise d'avril à octobre des stages d'initiation à la croisière. Cinq sessions de quinze jours y sont programmées en 1993 durant cette période. Cependant, d'autres séjours y sont parfois organisés durant la saison hivernale.

Actuellement quatre-vingt cinq stagiaires ont réservé leur place à Cygogne pour y suivre, soit des stages d'initiation ou de perfectionnement. Ces séjours sont consacrés, d'une part à initier les nouveaux venus aux problèmes des bateaux à la mer, aux manoeuvres à l'apprentissage et au rappel des règles de sécurité à bord, d'autre part à la formation des moniteurs - pratique et pédagogie.

Cette instruction s'effectue à bord de : quatre cotres ; deux doogues, deux 5/3 Glénans ; une caravelle et trois cavales. La longueur de ces voiliers, tous gaillards, varie de 5 mètres 70 à 11 mètres.

Au fort, la vie est réglée comme sur un bateau. Il y a obligation pour chacun de participer à toutes les tâches, même les plus humbles ! C'est ainsi que le matin, près du bol prévu pour le petit déjeuner, le stagiaire trouvera deux pommes de terre ou carottes qu'il devra éplucher... Ici il n'existe pas d'équipe « de corvée de patates ». Tout le monde participe à toutes les corvées.

Pour la toilette, chaque marin, comme sur un bateau, est amené à découvrir que l'eau est une denrée rare et précieuse ! Pour se doucher, le stagiaire devra prendre un (ou deux) seaux d'eau, !a chauffer sur un réchaud à gaz, la transporter dans le local sanitaire où il devra pomper du pied pour activer la pomme de douche... Toutes ces manoeuvras incitent à consommer avec parcimonie... Gomme sur un bateau ! Il faut dire que Cygogne n'a pas de puits. Seule l'eau de pluie, récupérée sur les remparts, notamment durant l'hiver, alimente une citerne dont l'étanchéité est réalisée à l'aide de coquilles d'oeufs pilés.

Cependant, certaines années, le Centre Nautique est dans l'obligation de compléter la réserve. Il est donc fait appel à la Marine Nationale de Lorient.

Les chambres-casemates sont éclairées au gaz butane. Depuis 1992, les locaux techniques bénéficient de l'électricité produite par des panneaux photovoltaïques d'une puissance de 1 500 watts. Un onduleur transforme le courant continu de la batterie en courant alternatif, délivré sous une tension de 220 volts. L e choix du courant alternatif a été fait pour utiliser les petites machines-outils du commerce, tant pour l'entretien des bateaux que du casernement.

Comme à bord, les stagiaires effectuent la veille optique sur les remparts du fort. Ils assurent également l'écoute radio sur des postes radio-téléphoniques V.H.S. Ces liaisons se font avec les bateaux en mer et les trois autres îles (Penfret, Drennec et Bananec) occupées par le Centre Nautique des Glénans.

Jean Puloc'h
photos : Dominique Thiriet

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