Cap Caval N° spécial Glénan

On s'est surtout extasié aux Glénan sur ses paysages et sa faune sous-marine, mais la flore terrestre présente aussi des particularités dont un certain narcisse, surtout connu des spécialistes. Un spécimen unique au monde qui aurait bien pu disparaître sans la perspicacité des botanistes. Désormais ils respirent, la plante est officiellement protégée et elle prolifère. Max Jonin, responsable de la S.E.P.N.B. nous en dit plus sur le sujet.

Des narcisses par milliers

Dès le début du 19e siècle, l'Archipel des Glénan attira l'attention des botanistes après la découverte en 1803 par Bonnemaison d'un narcisse nouveau qui, bien que proche d'une plante portugaise, n'existe au monde que dans l'Archipel, mais la majorité du peuplement se situait sur l'île Saint Nicolas. Mr Chevalier indiquait en 1924 que, sur une superficie de 3 à 4 hectares:" Les fleurs blanches du Narcisse émergent par centaine de mille... "

Au cours du 20e siècle et, notamment avec le développement du tourisme lié aux facilités de débarquement sur Saint Nicolas, le narcisse devait connaître de graves menaces: . l'arrachage des bulbes et la cueillette sauvage, par brassées, des fleurs de cette plante qui ne se reproduit pratiquement que de graines, ont mis en cause sa survie.

Etouffement du Narcisse

A l'initiative de la S.E.P.N.B, des mesures je protection efficaces furent prises en 1974 avec la mise en réserve naturelle d'une partie de l'île Saint Nicolas. Une gestion administrative a alors été préférée à une gestion scientifique et la réserve fut confiée aux soins de la commune de Fouesnant. La pose de clôtures dissuasives allait permettre dans un premier temps de protéger la population de narcisse, mais aura entraîné ensuite, en soustrayant le milieu au piétinement, un embroussaillement du site incompatible avec le maintien et le développement de cette population. Une épaisse broussaille de ronces et de fougères aigles étouffaient la station de narcisses et dès 1980 la situation est devenue préoccupante.

En 1984, sans attendre l'aboutissement des lentes démarches officielles devant permettre la mise en œuvre d'un suivi et d'une gestion scientifique, la SEPNB et le Conservatoire Botanique de Brest décidaient d'intervenir sur le site par des mesures concrètes de gestion sur carrés expérimentaux retrouvant les techniques simples de débroussaille- ment et d'étrepage. La nécessité d'un débroussaillement général de la réserve s'imposait.

Le sauvetage

Plusieurs chantiers furent organisés en 1985 et 1986, tandis que, lors de la floraison, en avril-mai, le nombre de pieds fleuris était systématiquement compté. De moins de 3 000 estimés en 1984, ce nombre est passé à 6514 en 1985 ! (plus de 100%). Pour maintenir l'entretien du site, un troupeau de moutons fut introduit en septembre 1986 et laissé jusqu'au mois de février suivant, date du début de la pousse des premières feuilles du narcisse. Le mouton d'Ouessant, race rustique, parfaitement adaptée, a été bien sûr choisi. Son seul inconvénient est sa vulnérabilité aux attaques des chiens que des propriétaires négligents laissent divaguer sur l'île. Débroussaillement et pâturage ont rapidement permis à la population de narcisse de se développer et au printemps 1989, c'est sans doute quelques 25 000 pieds fleuris que comptait la réserve naturelle. Sauvetage réussi ! ("Le narcisse des Glénan, de la protection à la gestion " F Bioret et D. Malengreau in Pen Ar Bed n°132, vol. 20, 1989).

Il reste cependant du travail. Une clôture entourant une réserve naturelle ne présente pas une image bien séduisante. Nous espérons, à terme, une restauration d'une véritable pelouse et la possibilité d'un pâturage extensif d'entretien étendu à l'ensemble de Saint Nicolas, sans grillage. Le milieu naturel et le paysage y trouveraient leur compte, mais nous ne sommes pas encore là. Signalons enfin que le narcisse des Glénan se trouve également sur les îlots de Brunec, le Veau et la Tombe près de Drennec. Cette plan- te est bien sûr protégée par la loi. Sa cueillette et le prélèvement des bulbes sont strictement interdits par la loi.

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