L' article de Roger Weigele sur les Glénan me rappelle de très bons souvenirs sur les débuts du club de plongée de Quimper dans l'Archipel des Glénan, ce véritable paradis. (Complément reçu par mail ndlr)
Pour 1963, je dois rajouter quelques noms à la liste de Roger Weigele : Yves Marie Le Goaziou, Jacques Queinnec et moi-même, Michel GUEGUEN. Yves-Marie est un ancien plongeur démineur de la Marine, libraire à Quimper. C’est lui qui m’invita à un baptême de plongée aux Glénans avec mon ami J.Cl. Meurlet.
Après quelques semaines d’entraînement, grâce à Roger Weigele, moniteur national, nous devenons des plongeurs aguerris et enthousiastes. Nous sommes conquis par les paysages sous-marins et ces eaux transparentes, à 35 mètres de fond. Nous visitons les épaves du Pietro-di-Orseolo, un bateau chargé de minerai de vanadium, coulé pendant la dernière guerre. En 1964, un chalutier coule dans le chenal des Bluiniers. Sa position est connue : 47°43,8 Nord, longitude 4°03,7 Ouest. Grâce au flair d’Yves-Marie Le Goaziou, et de Jacques Queinnec, et sans GPS, nous retrouvons l’épave du Mascaret, en très bon état, à part un grand trou dans la coque. Vu d’en haut, il paraît naviguer sur le fond : la vue est superbe et émouvante. Nous ramenons le sextant du bord, les papiers du bateau, et le permis du patron, heureusement rescapé du naufrage. Quelques jours plus tard, il est tout ému quand Yves-Marie lui rapporte ses affaires personnelles, retrouvées par un spécialiste ; en effet, il a été le premier commandant du 2ème Groupe de Plongeurs de Brest (GPD) pendant son service militaire à Toulon et Brest.
A cette époque, le Groupe Atlantique de Plongée avait acheté un solide bateau de 13 m, baptisé le Point d’interrogation pour effectuer le trajet Concarneau - St Nicolas, et les sorties de l’école de plongée. Avec sa coque rouge et son équipage d’hommes grenouilles en noir, il faisait sensation parmi les voiliers du club des Glénans et autres fanas de voile pure. A cette époque bénie, il y avait assez peu de touristes, quelques rares pêcheurs et beaucoup de bateaux et voiliers, le Centre Nautique à Penfret, le GAP à St-Nicolas. La pollution était inconnue, le site protégé et le poisson abondant ; les homards et les crabes excellents ; on pouvait même pêcher des ormeaux et coquilles St Jacques, jamais en plongée bien sûr. J’ai même une fois ramené un poisson torpille, sans me faire électrocuter par leur pile de 300 ou 400 volts ! Cela intéressait surtout notre plongeuse-biologiste marine, Annie Castric, et les scientifiques du CNRS- Biologie marine. Autres curiosités : les poisson-lune et le requin-pèlerin, un poisson très pacifique mais devenu rare par la surpêche, autrefois. On le voit parfois dormir en surface ou en quête de plancton. Heureusement aujourd’hui, il est protégé.
En 1964, après des mois de travail le local-restaurant du club GAP était installé dans l’ancien hangar du Canot de sauvetage, et inauguré dans la bonne humeur ; puis dans la foulée, où venait tous les week-ends améliorer les installations de la ferme, les dortoirs, etc. , toujours insuffisants pour l’Ecole de Plongée. Suivant l’exemple du Centre Nautique des Glénans qui avaient déjà construit plusieurs locaux, le GAP décida en1965 de construire 4 maisons, avec une douzaine d’appartements destinés aux membres fondateurs, réunis en association. Le permis de construire, soumis à des conditions drastiques, vu l’environnement exceptionnel, fut obtenu grâce aux efforts tenaces de Jacques Queinnec, notaire de son état, et plongeur émérite. Le chef de chantier, Roger Dumont réussit à faire travailler tout le monde pendant 2 ans. Pas évident quand chacun rêve à la prochaine plongée, ou chasse, pêche sous-marine – ou simplement au farniente sur la plage.
Mais une fois terminé, on s’est senti bien intégré à l’île de St-Nicolas et pas seulement des plongeurs de passage comme auparavant. Les maisons ne gênent pas la vue et s’intègrent bien dans le paysage, grâce à notre architecte Jean Quéinnec. Après la plongée, j’ai fait beaucoup de bateau et de croisières, en Grande-Bretagne, en Grèce, aux Antilles, aux Iles Vierges ou St-Domingue, mais j’aime toujours autant revenir aux Glénans ; par beau temps. Rien ne vaut ce coin de paradis sauf peut-être les Scilly.
Inauguration du "Quatre Vents" Saint Nicolas - Glénan - Août 1964
Les "Aux 4 Vents" deviendra par la suite "La Boucane"
Photos envoyées par Jean le Bloch ancien president du GAP
Michel GUEGUEN