couverture gustave labat

VIEUX SOUVENIRS
(1885)
LES GLÉNANS
PAR
GUSTAVE LABAT
BORDEAUX
IMPRIMERIES COUNOUILHOU
9-11 rue Guiraude, 9-11
1915
TIRE A 100 EXEMPLAIRES
Numérotés et paraphés de 1 à 100
A MON BON AMI
ADOLPHE DEMAY
Affectueux Hommage
GUSTAVE LABAT

NDLE Glenan.fr
2 ans avant sa mort, l’auteur rédige des « vieux souvenirs » datant de 30 ans pour « Les Glénans », sans prendre la peine de vérifier différents points :
- Fouesnant devient Fouesnand
- Beg-Meil devient Bec-Neil ou Bleg-Meil-en-Fouesnant
- Ne parlons pas de Saint-Guinolé…
A part un mouillage à Penfret et une messe au Loc’h, peu d’informations transpirent de cette virée maritime, dont l’auteur n’a même pas pris soin de vérifier si les viviers (réservoir à poissons) des Glénan sont encore en activité.
Le vivier construit en 1870 est représenté sur une gravure de 1881, soit peu de temps avant le passage du sieur LABAT (plus d’infos dans : Le cercle de mer - Guéguen – Le Maître – 1981 p.193-195).
Il faudrait aussi creuser la date de 1885, car « Le dernier recteur, Monsieur Jean Noël Thymeur, quittera l'archipel en 1883 » Jean PULOC’H – Le pardon de Notre Dame des Îles.
Dans la « bible des Glénan – Le cercle de mer » il est écrit :
Gustave Labat fera sa connaissance (ndle : Jean-Noël Thymeur) en 1882, lors d’un voyage un peu rapide. Après l’avoir pris pour le fils d’un pécheur d’Ouessant, il raconte, ce qui est faux mais fait « couleur locale », qu’il aurait construit sa chapelle « avec des débris de barques jetées à la côte … ».

LES GLÉNANS

Une hirondelle, en ses voyages,
Avait beaucoup appris. Quiconque a beaucoup vu
Peut avoir beaucoup retenu.
LA FONTAINE.

On peut avoir parcouru la Bretagne sans connaitre les Glénans.

Les Glénans, ou îles des Glénans, sont un archipel de neuf îlots dans l'Atlantique, à quatorze kilomètres environ de Concarneau (1) département du Finistère, dépendant rie la commune de Fouesnand (2) arrondissement de Quimper (3). Elles sont peuplées par quelques familles de pauvres pêcheurs bretons, qui y vivent bien isolés du monde en vrais primitifs.

Elles ne sont pas complètement stériles, ces îles tourmentées par les tempêtes incessantes et les vents du large ; sur plusieurs d'entre elles on cultive avec un certain succès, dans la partie sablonneuse du sol, la pomme de terre, dont les précieux tubercules sont très appréciés ; on y fait même un peu de jardinage.

Sur l'îlot appelé Penfret est construit un phare puissant qui indique, la nuit, la route à suivre aux navigateurs et, le jour, leur sert de balise.

Les Glénans sont fréquentés par les pêcheurs bretons, qui trouvent beaucoup de poissons dans les chenaux qui les séparent, et particulièrement des quantités de homards et de langoustes.

Un riche châtelain du Finistère, M. de Fretay, y avait fait construire un important réservoir à poissons et même une homardière ; j'ignore s'il en a continué l'exploitation.

Visitées l'été par les touristes en villégiature aux bains de mer de Bleg-Meil-en-Fouesnant, les Glénans le sont aussi par les artistes, impressionnés de la majesté de ces roches désolées.

Ces pauvres familles vivaient, la majeure partie de l'année, privées de tout secours religieux, lorsque Mgr l'évêque de Quimper, justement préoccupé de la situation anormale de cette intéressante population, eut la généreuse et charitable idée, vers 1880 ou 1882, d'envoyer aux Glénans un jeune prêtre breton, fils d'un pêcheur d'Ouessant (4), habitué conséquemment à cette existence d'isolement, de privations et de sacrifices de toutes sortes. Le prêtre était trouvé; mais il fallait une chapelle, aussi modeste qu'elle fût. On la construisit en planches, avec les débris des barques jetées à la côte dans les trop fréquentes tempêtes qui ravagent ces îles malheureuses ; pour ocuverture on y plaça simplement du feutre goudronné. Elle n'était pas spacieuse, pour une vingtaine de personnes environ. La chapelle s'élevait dans l'île la plus centrale du groupe, appelée île du Loch (en breton), ou du Lac, à cause de celui qui se trouve dans le milieu.

C'était bien pauvre et bien triste. Le courageux ecclésiastique s'y ménagea deux petits réduits à droite et à gauche de l’autel : l'un pour lui servir de logement, l'autre pour un jeune garçon d'une douzaine d'années dont il faisait à la lois son enfant de chœur et son mousse.

Pour vivre, il avait la double ressource de la pêche, où, fils de pêcheur, il était fort adroit, et de la chasse, car l'Ile du Loc, comme ses sœurs du groupe, est commune aux oiseaux de mer et de passage et contient de plus une espèce particulière de petits lapins qui y pullulent et qui, se nourrissant des herbes aromatiques du bord de la mer, sont fort recherchés.

Je connaissais, au moins en partie, tous ces détails par mon excellent ami le yachtsman émérite Adolphe Demay, qui avait visité ces îles plusieurs fois dans ses excursions de Bretagne et de Normandie, où il ne manquait jamais de faire escale à Loctudy chez ses bons amis les Coëtlogon, lorsqu'un jour (il y a bien de cela, au moins, une trentaine d'années) il me proposa de l'y accompagner, désireux qu'il était de revoir ses vieux amis, dont il était depuis longtemps sans nouvelles ! C'était tentant, -l'absence ne dépassait pas une semaine, ­ j'acceptai...

Demay possédait alors Harlequin, élégante et fine goélette, d'origine anglaise, œuvre de l'habile constructeur de yachts Ratyer, de Cowes (île de Wight), bateau d'une très grande marche, qui s'était mesuré, je crois, avec la fameuse Hildegarde, la goélette légendaire du prince de Galles, plus tard Édouard VII.

Harlequin était en tout d'un confortable remarquable. Demay invita plusieurs autres bons amis, fidèles compagnons de ses croisières, qui se joignirent à nous pour ce nouveau voyage autour du monde. Le Lemps est généralement beau dans la première quinzaine d'août, où les jours sont longs ; nous partîmes ...

Après un mouillage obligatoire à notre cher Royan el une visite aux Tamaris (5), nous voguâmes en plein Océan, nouveaux Colombs à la découverte des Glénans...

En passant au nord de Belle-Isle, notre aimable et toujours prévenant capitaine-amphitryon nous fis admirer, avec ses jumelles marines, les rochers de Locmaria, où Alexandre Dumas père, le grand Alexandre ! a fait mourir Porthos (6), l'un des héros de son beau livre Les Trois Mousquetaires... « Trop lourds ! trop lourds ! » dit Porthos en mourant, écrasé...

Et puisque je viens de parler, tout à l'heure, d'Hildegarde, la fameuse goélette du prince de Galles, laissez-moi vous conter une aventure tragique qui s'attache à son nom, pendant que nous marchons à toutes voiles.

Aux régates du Havre, en juillet 18... , la mer soulevée par un vent souillant par rafales était énorme. Demay, qui montait ce jour-là son beau cotre Zampa-IV (7), en prévision de la violence du vent, avait pris deux ris dans sa grande voile avec son flèche en l'air pour soutenir la mâture. On appareilla pour le départ volant, afin de prendre l'appareillage officiel devant Frascati. Cette course comprenait l'élite des yachts anglais : la goélette Hildegarde, le cotre Arrow, de 120 tonneaux, Hypétris, de 60, Aréthusa, de 60, et de plus deux ou trois français. Le virage fut effrayant : Arrow accrocha avec son bout-dehors le mât de tapecul d'Hypétris, lequel plia heureusement sans casser et les yachts partirent enfin, le cap vers le but du large, plongeant l'avant dans la lame : c'était superbe, mais impressionnant. Toul à coup, Hildegarde, obligée de rentrer son foc, envoya trois ou quatre hommes sur le beaupré, lequel s'enfonçait dans l'eau à chaque coup d'un tangage très grand el augmentait la position terrible de ces pauvres gens aveuglés par l'eau de mer ... L'un des hommes, à bout de forces, lâcha et disparut... on ne put le sauver...

La course des grands yachts, aux termes du règlement, fut annulée ...

Après ce triste événement, je reprends mon récit : -Nous arrivâmes aux Glénans assez promptement et nous amarrâmes sur le corps-mort des Ponts et Chaussées, à l'île de Penfret ; le lendemain, nous montions à Loctudy.

Loctudy est une charmante localité, dont le petit port est très favorable à la navigation de plaisance. Bien abrité par l'Ile de Tudy, le village contient, avec le château de la Forêt, à la famille de Coëtlogon, bon nombre de fort jolies et élégantes habitations où les notabilités brestoises viennent passer la belle saison chaque année.

Ce nom de Coëtlogon que porte fièrement sur son tableau d'arrière un de nos croiseurs-cuirassés modernes, est celui d'un célèbre marin du grand siècle : Alain-Emmanuel, marquis de Coëtlogon, vice-amiral, maréchal de France. Né en 1646, il entra dans la marine en 1670, fil la campagne de Hollande, sous Duquesne, avec le grade de capitaine de vaisseau, se distingua à Palerme en 1688; il assista, avec d'Estrées, au bombardement d'Alger; chef d'escadre après la bataille de Bantry-Bay; à la bataille de Reveziers, il montait le Saint-Philippe, cité par Tourville; enfin, à la Hogue , où il montait le Magnifique; en 1693, il défendit Saint-Malo; promu vice-amiral, il alla au secours de Philippe V d'Espagne et s'empara d'un convoi hollandais; en 1724, après sa belle vie de marin, il se retira dans la maison professe des Jésuites à Paris, où il mourut en 1730. Coëtlogon est une des gloires maritimes de la France.

L'accueil à Loctudy fut aussi affectueux que cordial pour tous. Demay y fut reçu particulièrement en bon et vieil ami. On se mit à notre disposition pour visiter ce coin isolé de la Bretagne, curieux et pittoresque au possible. L'église de Loctudy, bâtie par les Templiers, date du XIIe siècle ; c'est un des plus remarquables monuments de l'architecture romane de cette province ; on voit dans le cimetière des menhirs et une chapelle de Notre-Dame-de-Portzbihan.

L'on monta notamment à notre intention une excursion aux rochers de Penmarch, point extrême des côtes de France sur l'océan Atlantique. C'est dans la grande voiture de nos aimables hôles, tenant à nous servir de cicerones, que nous fîmes, en compagnie de quelques autres invités, cet intéressant et instructif petit voyage ; nous arrivâmes à Penmarch, dont le nom breton signifiant « tête de cheval » est dû à un rocher bizarre qui en a, en effet, un peu la forme et près duquel le village est bâti.

Penmarch était autrefois beaucoup plus considérable, car on rencontre un certain nombre de groupes de maisons en ruine.

L'église principale, Saint-Nano, date du XVIe siècle ; une partie sert aux cérémonies du culte, l'autre partie est abandonnée ; elle est, néanmoins, très importante et rapprochée de la mer. Une seconde église, Saint-Guinolé, du XVe siècle ; la XVe et XVIe siècles s'imposent à l'attention des archéologues et des artistes.

A la fin du Moyen-Age, Penmarch armait pour la pêche à la morue dans les eaux bretonnes sept cents bateaux. La découverte de Terre-Neuve et le ravages du chef de bande Guy de Fontenelle ruinèrent le commerce de Penmarch.

La légende veut que celle localité, de même qu'Audierne, au nom sinistre, dont la baie remonte au nord, étaient autrefois florissantes, qu'on y faisait la pêche à la baleine (?), mais que depuis la disparition de ce cétacé la population en est réduite à la pelite pêche, bien moins fructueuse ...

La pointe de Penmarch est très élevée, elle forme un plateau d'où la vue sur la mer est vraiment merveilleuse ; dans l'anse de la Torche on remarque une suite de formidables récifs où la mer se brise toujours sans relâche dans une poussée irrésistible, en formant des bancs d'écume qui impressionnent.

On voit à une pelite distance, en dedans de la pointe, sur le plateau, une maisonnette en granit, bâtie (nous dit-on) par un artiste parisien qui venait chaque année faire des études el des tableaux d'après nature ; il avait là sous les yeux de bien beaux modèles à reproduire ... Je regrette qu'on n'ait pu me donner le nom de ce peintre, qui devait être un spécialiste des choses de la mer. D'après le portrait que m'en ont fait les gens du pays, ce pourrait bien être Théodore Gudin...

Un peu en avant de celle minuscule construction, la falaise domine la mer d'une grande hauteur. Sur la droite, une pente très raide descend dans l'abime : mais ne peut en aucune façon servir de moyen de descente. C'est là que se passa, en octobre 1870, un événement épouvantable : trois touristes de la même famille, originaires de Paris, étaient à admirer la mer en furie, lorsqu'une vague monstrueuse arrivant par la pente les enleva tous les trois... on ne retrouva jamais leurs corps ! …

Sur le promontoire formant plateau on plaça, comme souvenir de ce terrible accident, une croix de fer qu 'on encastra et scella couchée dans le granit pour qu'elle ne fut pas enlevée par le vent et par la mer.

Non loin de là, on peut visiter ce que les habitants de Penmarch appellent le le trou du Diable : c'est une fissure dans le roc, qui conduit à une grotte curieuse Où il est prudent de se risquer seulement à basse mer.

Après la baie des Trépassés d'Audierne, au Nord-ouest, vous apercevez l'Ile de Sein et le Raz-de-sein, le trop fameux Raz qui a donné lieu au proverbe breton : « Nul n'a passé le Raz sans peur ou sans malheur. »

Tout cela n'est pas précisément d'une gaité bien folle ; il est préférable de se rappeler les beaux vers d'Auguste Brizeux, le barde de la Bretagne :

… devant ce cap du monde,
Dont la crête s’élève à trois cents pieds sur l’onde,
Dans ces mornes courants, par le temps le meilleur,
Nul ne passe jamais sans mal ou sans frayeur.

Il fallait cependant nous arracher à ce splendide et inoubliable spectacle, on nous appelait pour le déjeuner, qui était servi sur les rochers recouverts d'une voile : foc, trinquette ou bonnette, peu importe, l'attention maritime était heureuse et d'une bonne couleur locale. Inutile d'ajouter qu'il fut d'une correction parfaite, bien digne de la compagnie et du spectacle grandiose que nous avions sous les yeux ; il eut pourtant son côté drolatique.

Notre aimable et prévoyant capitaine avait amené à Loctudy l'habile maître-queux de son yacht, un beau nègre de Saint-Pierre (Martinique), pour aider les serviteurs du château de La Forêt ; or, au départ pour Penmarch, Victor (c'était le nom du nègre) s'était placé à côté du cocher. Les femmes et enfants des villages traversés n'avaient jamais vu d'homme de cette couleur, on peut juger facilement de leur stupéfaction ; et ce fut bien pis encore quand, après déjeuner, Victor, qui est assez adroit prestidigitateur, leur montrant ses talents, fit sortir du nez et des oreilles des enfants ébahis la menue monnaie et les gâteaux que nous lui faisions passer et qu'on leur abandonnait ensuite : quels cris ! quelle joie ! Ce fut la fin naturellement de cette charmante excursion, car tout a une conclusion dans ce monde.

Nous reprîmes bientôt la route de Loctudy, où nous arrivâmes à la nuit close, emportant les bénédictions de tous ces braves gens.

Le lendemain était réservé pour la visite que nous voulions faire à l'abbé désservant la chapelle des Glénans.

Le jeune ecclésiastique nous attendait, il nous fit les honneurs de sa modeste chapelle avec un touchant empressement, qui nous charma ; seulement, comme le bon prêtre (faute de pouvoir mieux faire) logeait ses filets et engins de pêche dans un coin affecté à cet usage, l'odeur qui s'en exhalait n'était pas celle de l'encens. Le pauvre abbé s'en excusa, ­il n'en avait certes pas besoin ...

Il nous parla de la difficulté qu'il avait éprouvée pour réunir ses paroissiens le dimanche. L'horaire des marées, le brouillard et les trop fréquents coups de vent étaient de grands obstacles ; alors il avait imaginé de placer un mât très élevé près de la chapelle, au moyen duquel il indiquait les heures du service divin en hissant un pavillon à certaines hauteurs convenues d'avance avec eux.

Il était vraiment curieux, ce sympathique prêtre ; il nous quitta un moment pour aller visiter un vieillard malade, et nous le vîmes, nouveau Robinson, nageant dans son petit canot avec des avirons de longueurs différentes, son chapeau en arrière et sa vieille soutane gonflée par le vent : un croquis à faire !...

Nous décidâmes avec lui que nous viendrions le dimanche suivant entendre la Messe dans sa chapelle, à l'heure qu'il nous fixerait, avec toute la société de Loctudy.

Le jour venu, nous trouvâmes le bon pasteur, qui pour la circonstance avait paré l'autel de la flore des Glénans, hélas ! bien pauvre. Pendant la cérémonie nous fûmes tous frappés de la dignité et de la grandeur même qui se dégageaient de la figure du jeune officiant, d'aspect si sauvage et si rude à première vue ; véritable fils de pêcheur d'Ouessant ; sa foi le transformait : c'était un apôtre !

Pendant la messe, il nous fit à l'évangile une allocution fort bien tournée pour nous dire qu'il s'honorait de notre visite aux Glénans et célébrait le saint sacrifice à notre intention pour que la Providence nous protégeât.

Après la cérémonie, qui fut vraiment imposante et empreinte d'un recueillement absolu, Demay reçut la société à déjeuner dans son yacht, qui avait arboré le grand pavois. Victor s'était surpassé et les meilleurs vins de Sauternes et du Médoc .accompagnèrent les toasts des convives. Le pauvre abbé n'avait jamais assisté à pareille fête (8).

C'était la deuxième fois que j'entendais la messe en pleine mer. J'ai raconté autre part l'émotion que m'avait laissée alors cette religieuse cérémonie se déroulant dans la chapelle de la tour de Cordouan (9). Eh bien ! je ne crains pas de l'avouer, elle ne lut pas moins grande dans l'humble chapelle en planches de ces îles désolées que dans le chef-d'œuvre de Loys de Foix ; elle rappelait même bien mieux l'humilité du Christ choisissant la pauvre étable de Bethléem, quand il vint sur la terre pour régénérer le monde...

A quelques jours de là, nous rentrions à Bordeaux.

L'hiver qui suivit fut particulièrement rigoureux : le froid, la neige et les tempêtes se succédèrent, accompagnés de nombreux sinistres sur nos côtes de l'Océan. Dans un des derniers coups de vent, qui fut terrible et dura plusieurs jours. la pauvre chapelle des Glénans fut renversée et ses débris dispersés ... Le sympathique pasteur lut un moment sans asile ... Heureusement pour lui Mgr de Quimper, qui l'appréciait, ne l'oubliait pas et peu de temps après le replaçait à l'île de Molène (10) dans le groupe d'Ouessant, presque chez lui, pour y continuer d'exercer son ministère. Le digne prêtre se dévoua corps et âme à ses nouveaux paroissiens ; malheureusement, une épidémie de petite vérole, à quelque temps de là, ravagea Molène et le pauvre abbé prit le mal en soignant ses malades et mourut victime de son dévouement.

J'ai conservé le meilleur souvenir de cet humble ecclésiastique, dont je n'ai jamais su le nom et qui aura passé dans notre vieux monde sans connaître autre chose que la douleur !...

Paris, 5 mai 1915.

signature gustave labat internet

logo imprimerie gounouilhouinternet(1) Concarneau, chef-lieu de canton, arrondissement de Quimper (Finistère), dans un petit estuaire s'ouvrant sur la baie de La Forêt; port du littoral le plus actif après Douarnrnez pour la pèche de la sardine et du maquereau.

(2) Fouesnand, chef-lieu de canton à 12 kilomèlres de Quimper, sur l'anse de Penfoulie, formée par la baie de La Forêt ; la commune de Fouesnand comprend les bains de mer de Bec-Neil. très fréquentés. Le gracieux costume des simples paysannes du pays est fort joli.

(3) Quimper-Corentin, sur l'Odet, chef-lieu du département du Finistère, à 680 kilomètres de Paris. Cathédrale gothique Saint-Corentin (1339) 1515 ; vitraux du XVe siècle; tombeaux. Locmaria, église romane, 1030.

(4) Ouessant (Enef-Hensa en bas-breton), l'île des Épouvantes. Chef-lieu de canton du Finistère, à 43 kilomètres de Brest et à 10 milles du Conquet. L’île a 8 kilomètres de Iong et 3,500 mètres de large. Le phare, élevé dans la partie la plus élevée de l'île, date de 1695. Le combat naval qui y fut livré entre les flottes française el anglaise en 1778, à l'occasion de la guerre de l'indépendance des États-Unis d'Amérique, porte le nom de bataille navale d'Ouessant.

Le mille français vaut 1,852 mètre. - Le mifle anglais vaut 1,854 mètres.

(5) Pontaillac.

(6) Alexandre Dumas fils raconte qu'un matin il trouva son père pleurant à chaudes larmes ; effrayé, il s'empressa de lui en demander la raison : « Je viens de taire mourir Porthos, répondit son père… Pauvre grand Duma !... quel cœur !

(7) Zampa-IV (ex-Neptune), beau cotre de 50 tonneaux, patronné par Demay, gagna le premier prix de sa série dans la course où Hildegarde perdit un homme qui tomba à la mer...

(8) Le déjeuner fini, nous firmes une pêche miraculeuse, dont profitèrent les pauvres de Loctudy.

(9) Documents sur Royan et la tour de Cordouan, par Gustave Labat ; 2e recueil, page XXIII de l'Introduction. Bordeaux, Gounouilhou, 1888.

(10) Molène, île de l'Atlantique, à 35 kilomètres de Brest, longueur 1,200 mètres, largeur 800 mètres, reliée à basse mer par des écueils aux îlots voisin de Balance, Trélern ; 570 hahilants. Extraction de la soude, pêche.

4eme couverture gustave labat

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