Pays de Quimper N° spécial Glénan
Il est difficile de mettre en valeur l'entité écologique que représente l'Archipel de Glénan et, dans le même temps, démontrer la dégradation de la partie sous marine ; mais il faut quand même faire connaître certaines vérités.
Si le domaine terrestre de l'Archipel est pris en considération et reçoit des attentions et mesures conservatoires, il n'en est pas de même pour le milieu sous marin. Nous avons là un vrai drame écologique. Les seuls échos qui semblent parvenir aux personnes intéressées par leur patrimoine, ou aux hommes susceptibles, par leurs pouvoirs, de faire quelque chose, sont uniquement des réflexions négatives sur les difficultés liées à la prédation actuelle: "On ne pêche pratiquement plus rien..." ou "dans le temps ! c'était autre chose". Acceptera-t-on aujourd'hui l'idée des sacrifices nécessaires.
Après deux années de tractations diverses entre les scientifiques du Collège de France, les représentants de la pêche, les personnes concernées par l'archipel (La Mairie de Fouesnant, le C.I.P, le C.N.G), le "NIET" de certains professionnels de la pêche est tombé comme un couperet sur une éventuelle réalisation d'une minuscule réserve sous-marine aux îles. Au risque de désagréments personnels susceptibles de se produire, je dirais que :
"Certains hommes mangent le pain de leurs enfants et d'autres parlent de gérer un patrimoine sans vouloir en payer le prix". Pourtant, dans les eaux les plus claires de l'Atlantique, la Bretagne possède un territoire sous marin unique.
Le tourisme devient une force économique vitale du fait de l'évolution de la pêche. Or, on peut lire, dans le dernier numéro du "Monde de la Mer" (une des plus importantes revue spécialisées françaises) un article concernant les réserves sous-marines européennes : Je cite "Quant aux rivages Atlantique à part le très symbolique parc d'Armorique (aucune mesure de protection concrète). Il n'y a pas la moindre zone sous-marine protégée en Bretagne et sur le littoral".
Témoin de 35 années de l'évolution des richesses de l'Archipel et en tant que responsable d'une collectivité jeune et sportivement touristique, je sollicite l'aide des hommes de bonne volonté, pour obtenir la protection d'une douzaine de lieux de plongée, où, dans un rayon de 100 mètres aucune prédation ne serait faite. Ce vœux déjà présenté sur un compte rendu destiné à l'étude d'une réserve, doit se trouver dans un tiroir oublié. Il n'y a dans ce vœux, rien d'extraordinaire. De nombreux centres de plongée ont obtenu, en Méditerranée, la protection de larges zones de plongée (se souvenir du reportage de Thalassa : "La barge aux congres"). Faudra-t-il attendre la fuite du tourisme sous-marin, pour espérer le minimum ?
Il faut savoir qu'après 27 années de fréquentation continue du Centre de plongée des Glénan, les nouveaux responsables des Fédérations allemandes de plongée (Est et Ouest) ont préféré pour 93 se diriger vers des eaux plus clémentes et plus riches en vie sous-marine : telle celles des îles Medas en Espagne.
A l'heure où les centres de plongée espagnols récoltent la gestion de leur patrimoine protégé, en réalisant plus de 1000 plongées par jour sur un petit secteur écologiquement protégé, la totalité des écoles de plongée de Bretagne ne peut rivaliser face à ces résultats.
L'aggravation des contraintes de notre société (fiscalité, sécurité, charges de fonctionnement) jointe au phénomène de désertification de nos lieux de plongée, peut mener à l'échec notre action sportive des 35 dernières années au bénéfice des centres méditerranéens. Ce risque justifie cet appel à l'aide !
Roger WEIGÈLE Scaphandrier professionnel classe III