Pays de Quimper N° spécial Glénan

Si Jean Puloc'h, adjoint au maire de Fouesnant, spécialement chargé des Glénan, apprécie à sa juste valeur la chance qu'a sa commune de compter les îles sur son territoire, il sait également mieux que personne les difficultés que çà représente quelquefois.

II évoque ici un problème entre autres, celui de la production d'énergie électrique.

 

Sur l'archipel de Glénan, comme ailleurs, la nuit a toujours provoqué chez l'homme une certaine anxiété et, dès son arrivée sur ces terres, il s'efforça de lutter contre les ténèbres et les démons qui les hantent.

Après la torche de bois résineux agrémentée de graisse ou mieux de cordages huilés et enduits de saindoux, la lampe à huile fit son apparition puis, plus près de nous, celle à pétrole ou encore mieux à acétylène dite "lampe à carbure". Cette évolution amena un net progrès dans les îles. La fée électricité n'avait pas encore droit au chapitre.

Cependant, sous l'impulsion de Louis Le Calvez, maire de Fouesnant de l'époque (de 1952 à 1989.), le conseil municipal prit la décision d'acquérir l'ancien "hôtel Prunier" et par la même occasion de doter l'île Saint-Nicolas de l'énergie électrique.

Electricité de France sollicitée, eu égard à la faible consommation estimée dans l'île, décida qu'il n'était pas judicieux de relier l'archipel au continent par un câble sous-marin. Trop cher !

La municipalité se trouva donc seule face au problème et pour le résoudre décida de l'installation de deux groupes électrogènes transformés pour fonctionner au gaz. Et c'est ainsi que la première ampoule électrique à incandescence s'illumina à Saint-Nicolas en 1973 soit 93 ans après que Edison eut inventé ce moyen d'éclairage.

Lorsque l'on se souvient que le phare de l'île de Penfret ne fut allumé que 97 ans après que les premières démarches aient été exprimées, il faut admettre que les grandes décisions sont mûrement pensées à Glénan avant d'être exécutées !

Cependant, ces génératrices, très capricieuses et de plus très onéreuses en fonctionnement, seront vite remplacées par un nouveau groupe électrogène au fuel d'une puissance de 32 kilowatts, qui délivre le courant sous une différence de potentiel de 127 volts.

Une série de batteries au cadmium nickel stocke l'énergie et la restitue sous forme de courant continu d'une tension de 110 volts, ce qui a pour conséquence de limiter son utilisation à l'éclairage.

Comme on peut s'en douter, le système ne donnait pas toutes satisfactions : d'une part, le groupe électrogène, seul générateur, tournait trop souvent ; d'autre part, la distribution de courant continu ne permettait pas l'utilisation sur le réseau des appareils standards du commerce. Pour toutes ces raisons, le conseil municipal de Fouesnant décidait en 1987 la modification de l'installation. Une éolienne est installée en 1988. D'une puissance de 10 kilowatts, elle produit une énergie de :

  • 2,5 kW pour un vent de 25 km/heure
  • 5 kW pour un vent de 32 km/heure
  • 10 kW pour un vent de 41 km/heure.

Cette machine, couplée au groupe électrogène existant, recharge une nouvelle série de batteries d'accumulateur au plomb composée de 135 éléments de 300 ampères heure.

La tension continue issue de la batterie est transformée en courant alternatif par un onduleur et distribué dans le réseau sous une tension de 220 volts triphasé.

L'augmentation de la réserve d'énergie permet de faire fonctionner un désalarisateur d'eau de mer qui, pour une consommation de 3,5 kW, fournit 250 litres d'eau douce à l'heure. L'arrivée du courant alternatif à Saint-Nicolas permet aux îliens de se doter des moyens électriques standards et notamment d'appareillages électroménagers ; et, très vite, la station électrique est insuffisante pour faire face à la demande, notamment durant la saison estivale.

Le nouveau maire de la commune, Roger le Goff, s'attelle à son tour au problème et propose au conseil municipal de doter Saint-Nicolas d'une troisième source d'énergie sous forme de panneaux solaires photovoltaïques. L'installation en est confiée à la societe S.T.N. (Société des Techniques Nouvelles de La Forêt Fouesnant) et, pour l'été 1992, le système est opérationnel.

Les trois générateurs débitent soit simultanément (panneaux solaires et éolienne), soit alternativement leur courant dans la batterie qui, à son tour, fournit l'énergie nécessaire au bon fonctionnement de l'onduleur, dernier élément avant la distribution aux usagers.

Tout semblait donc bien dans le meilleur des mondes !

Mais la vie n'est pas si simple, même à Glénan, surtout à Glénan... pour les techniciens !

Car, comme tout bon français soucieux de l'économie générale du pays, les techniciens en charge de la station préconisèrent le choix d'une éolienne française. Or tout le monde le sait ou plutôt personne ne semble savoir, que la technique française en matière de conception et de construction d'aérogénérateurs est encore... très perfectible...

Toujours est-il que notre machine rendit l'âme très rapidement et, malgré les efforts de la société en charge de l'appareil, l'éolienne fut "descendue" définitivement après l'été 1992.

Le mauvais fonctionnement de l'aéro-générateur ainsi que du système de régulation de charge fit vieillir prématurément la batterie au point qu'aujourd'hui il faille envisager le remplacement des éléments défaillants.

La remise en ordre du système de production d'énergie électrique de Saint-Nicolas est en cours et devrait être performant pour l'été 1993, si Dieu le veut !

La nouvelle station électrique se verra dotée :

  • d'un aérogénérateur d'une puissance de 12 kilowatts
  • d'une série de batteries d'une capacité de 700 ampères/heure
  • d'un groupe électrogène rénové ou remplacé.

Espérons que cette fois la technique saura répondre à l'attente tant de la municipalité que des usagers !

Jean Puloc'h

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