II est, invité à une exposition de prestige à Paris
Yvon Le Douget, céramiste d'art

Le Mousterlinois Yvon Le Douget vient d'être invité à présenter une trentaine de ses œuvres, du 5 au 21 novembre, au Lavoir, à Paris, en compagnie de trois autres artistes. Une invitation qui équivaut à une consécration. A 44 ans, Yvon Le Douget est désormais considéré par ses pairs, comme l'un des meilleurs céramistes d'art en France.

" Le Lavoir est une association née il y a une dizaine d'années, dont le but est de promouvoir l'art céramique dans sa diversité. Au fil des ans, elle a reçu bon nombre des plus grands créateurs contemporains ", explique l'artiste mousterlinois qui va donc s'y retrouver dans quelques jours, en compagnie notamment de Charles Hair, un céramiste de notoriété mondiale.

Mariage somptueux

Douget1Voilà maintenant 20 ans qu'Yvon Le Douget s'est pris de passion pour la céramique en général et pour la recherche sur les émaux de haute température en particulier. La céramique repose, en effet, sur le mariage somptueux de l'argile et de l'émail. " La fine pellicule de verre va fondre à 1 300 ° et recouvrir la pièce. Ce sont les métaux qui vont la parer des plus belles couleurs ", explique l'artiste. Une opération qui demande une grande maîtrise que l'on acquiert au bout de plusieurs années d'expérience. Quelques degrés de trop, quelques minutes en plus, et la superbe pièce aux formes épurées perd sa perfection et est irrémédiablement mise au rebut. " C'est vrai que, selon l'atmosphère de cuisson, le cuivre donnera des rouges ou des mauves (réduction), des verts ou des bleus (oxydation) ", note Yvon Le Douget, fasciné par ce " sang de bœuf " dont les Chinois gardèrent le secret durant des siècles.

" Bleus de cuivre "

Chez tout céramiste il y a, en effet, quelque part, un alchimiste qui sommeille et si Yvon Le Douget est prêt à faire. partager ses méthodes de travail (plusieurs classes d'art ont eu lieu dans son atelier, les années passées), il conserve jalousement les recettes magiques qui lui valent, aujourd'hui, la considération des milieux de la céramique. Arrivé des Côtes- d'Armor à Fouesnant, en 1985, il a connu un début de reconnaissance avec une première exposition à Paris, en 1994. Elle lui avait permis déjà de côtoyer celui qu'il considère comme son maître et la référence absolue de la céramique en France, Daniel de Montmollin, un moine de Taizé. Avec cette nouvelle exposition, au titre explicite, " Bleus de cuivre ", Yvon Le Douget va donc pouvoir montrer à un large public que son humble salle de Mousterlin (99, route de Mestrezec, tél. 02 98 56 11 77) recèle des merveilles. La profession souffre, en effet, d'un problème d'identité. " Trop de gens nous prennent encore pour des fabricants de vaisselle ", regrette-t-il. Une simple visite chez Yvon Le Douget les ferait vite changer d'avis.

Jean-Yves LE DRÉAU
Correspondant Ouest - France
(OF du 31 oct. - 1er - 2 novembre 1997)

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